Dans les semaines à venir, le personnel de la ville d’Ottawa présentera son projet de budget pour 2021 devant le Conseil de ville. La pandémie du COVID-19 et ses impacts sur l’économie et les finances de la ville d’Ottawa ont été tout simplement dévastateurs pour l’année qui s’achève. À l’avenir, il est important que le personnel et les conseillers municipaux soient réalistes quant aux options économiques qui se présentent devant nous et qu’ils soient prêts à prendre des décisions responsables, et parfois difficiles, sur ce que la ville peut se payer à court terme.
Avec plusieurs mois de données maintenant disponibles, la situation économique d’Ottawa et l’impact de la pandémie du COVID-19 deviennent de plus en plus clairs. Malheureusement, bien que ce ne soit pas inattendu, il y a bien peu de bonnes nouvelles. En quelques mois à peine, la ville d’Ottawa, dont la situation financière était autrefois enviée et solide, se retrouve soudain confrontée à un trou de 181,8 millions de dollars qui pourrait l’obliger à envisager de licencier du personnel, de geler les dépenses discrétionnaires et d’emprunter sur son fonds de réserve ; des fonds qui sont réservés pour soutenir les résidents lors de catastrophes naturelles telles que les inondations saisonnières, ou des dépassements de budget pour maintenir les services. Toutes ces mesures pourraient devenir nécessaires, car la loi provinciale interdit à une municipalité de l’Ontario d’enregistrer un déficit.
Bien que la ville aurait pu survivre seule à cette tempête économique, les fonds de soutien proposés par la province et le gouvernement fédéral ont grandement contribué à alléger la pression sur la ville. Leur soutien a finalement permis de couvrir 64,9 % du déficit et a évité à la ville de devoir puiser trop profondément dans ses réserves financières. En fait, cette nouvelle a été si bonne que la ville travaille sur un budget pour 2021 qui limiterait l’augmentation des taxes foncières à 3 % maximum – une bien meilleure nouvelle que les 15 % et plus que le directeur financier et le trésorier d’Ottawa avaient initialement signalés comme nécessaires pour que la ville puisse maintenir les niveaux de service existants à l’avenir.
Comme la plupart des autres grandes villes canadiennes, Ottawa vient d’entrer dans la deuxième vague de la pandémie. Aussi, alors que l’hiver arrive, ce qui, même dans des circonstances normales, peut être une période difficile pour certaines entreprises comme les restaurants ; un rapport de la Chambre de commerce canadienne sorti en août dernier a révélé que jusqu’à 60 % des restaurants pourraient être fermés en raison du COVID-19. Les petites et moyennes entreprises ne s’en sortent pas forcément beaucoup mieux. Un rapport de juillet de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a indiqué que 14 % des petites entreprises pourraient également devoir fermer à cause du COVID-19. La ville d’Ottawa a décidé de soutenir les entreprises locales, en renonçant aux frais mensuels pour les permis de patio et de droit de passage, en lançant une campagne de marketing et en offrant des reports de taxes foncières pour les propriétés résidentielles et commerciales. Cependant, les entreprises sont toujours confrontées à l’inconnu en ce qui concerne leurs activités à court, moyen et long terme.
L’impact financier complet qu’aura eu la pandémie sur l’économie d’Ottawa restera inconnu pour une bonne période de temps ; quiconque pense pouvoir prédire comment se déroulera cette prochaine étape de la pandémie devra faire preuve de clairvoyance. Cependant, les chiffres locaux dont nous disposons sont clairs : en janvier 2020, Statistique Canada a indiqué qu’Ottawa-Gatineau comptait 24 720 entreprises actives, et en mai 2020 – le mois le plus récent pour lequel des statistiques sont disponibles – nous avions perdu 3 335 entreprises, soit 13,5 % du total des entreprises, ce qui nous a fait passer à 21 385. Inutile de dire que leur prochaine mise à jour ne fera probablement pas l’état d’une amélioration des chiffres, car Ottawa, contrairement à Toronto, Montréal ou Vancouver, était la seule grande ville canadienne à avoir connu une augmentation du taux de chômage de juillet à août.
Les experts en économie de Deloitte, dans leurs prédictions financières de septembre, ont indiqué que le Canada ne connaîtra probablement pas de reprise avant au moins le deuxième trimestre de 2022 ; à Ottawa, c’est effectivement la fin du mandat de ce conseil municipal.
Le budget 2021 réussira à éviter ce qui serait l’une des plus importantes augmentations du taux d’imposition foncière pour les résidents d’Ottawa dans l’histoire moderne, en grande partie grâce aux fonds d’aide d’urgence fédéraux et provinciaux visant à combler les déficits de 2020. Toutefois, la ville doit encore agir et faire preuve de modération financière dans le cadre du budget 2021. En tant que ville, nous ne pouvons pas dilapider cette aide des gouvernements provincial et fédéral, sachant que des subventions supplémentaires pourraient se faire rares en 2021 et 2022, lorsque les effets financiers de la pandémie se feront pleinement sentir sur les économies locale, provinciale et nationale.
Le personnel de la ville prépare en ce moment le projet de budget 2021, qui contiendra l’augmentation prévue de 3 %, résultat d’années de décisions financières prudentes et responsables qui ont précédé le COVID-19. Bien que le soutien financier ponctuel des autres niveaux de gouvernement ait permis de procéder à l’augmentation modeste prévue, il est important que nous ne rompions pas avec notre tradition de responsabilité financière et que nous n’aggravions pas la situation, nous exposant ainsi à un échec dans le budget 2022, alors que c’est un nouveau mandat du conseil municipal qui devra rendre des comptes aux résidents. Ottawa doit rester abordable pour les résidents et les entreprises, en particulier pour faire face à la pandémie. Dans cette optique, le personnel de la ville doit prendre le temps d’examiner en détail les budgets de fonctionnement, d’identifier les domaines d’économies potentielles résultant de l’évolution des besoins des résidents en raison de la pandémie, et enfin de présenter au Conseil un budget qui fasse preuve d’autodiscipline et reflète la réalité de la situation financière de la ville, de la province et du pays.
De plus, le personnel de la ville doit examiner en détail tous les projets d’investissement qui ne font pas déjà l’objet d’un engagement financier de la part de la ville (par exemple tout projet de renouvellement du cycle de vie) et identifier les projets qui peuvent être reportés au-delà de l’année budgétaire 2021. Ces projets sont souvent ceux que nous aimerions pour nos communautés, cependant, des décisions difficiles doivent être prises pour décider si ces projets peuvent être reportés et réévalués pour le budget 2022, lorsque nous aurons une meilleure compréhension des implications financières à long terme de la pandémie.
En juin, Santé publique Ottawa a mené une enquête sur les conséquences de la pandémie auprès des résidents. Leur rapport a révélé qu’un résident sur dix était sans emploi, et 28 % ont répondu qu’ils voyaient leurs revenus diminuer. Il est peut-être trop tôt pour savoir combien d’Ottaviens perdront leur emploi de façon permanente en raison de la pandémie, mais 19 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles avaient actuellement des difficultés à payer les produits de première nécessité, comme le logement, la nourriture ou les services publics, et parmi celles qui ont vu leurs revenus diminuer, 20 à 25 % ont déclaré qu’elles avaient des difficultés ou de très grandes difficultés à payer les produits essentiels. À partir de ce mois-ci, il faudrait remonter 25 ans en arrière pour trouver des chiffres de chômage comparables et cette trajectoire continue de descendre de semaine en semaine.
Comme indiqué, la ville d’Ottawa ne peut pas adopter un budget déficitaire, c’est un luxe réservé aux niveaux supérieurs du gouvernement. L’argent emprunté à nos propres fonds de réserve d’urgence doit être reconstitué. Nous devons agir maintenant pour nous assurer que nous ne créons pas les conditions qui obligent de sévères réductions de services ou des augmentations exponentielles des taxes dans les budgets futurs. Alors que les résidents d’Ottawa sont confrontés à des décisions financières difficiles, avec du serrage de ceinture à la maison, il est normal de demander la même chose à leurs représentants municipaux.
Une version abrégée de l’article ci-dessus a été publiée dans l’Ottawa Citizen le 8 octobre 2020.
La motion ci-bas a été déposée par le conseiller Dudas et adoptée à l’unanimité à la commission des finances et du développement économique le 6 octobre 2020.
City Council, Standing Committee and Commission
Conseil, comités permanents et commission
Committee / Commission: FEDCO
Report / Agenda: 17
Rapport / Ordre du jour:
Item / Article: 3
Re: PROPOSED 2021 BUDGET DIRECTIONS, TIMELINE AND CONSULTATION PROCESS
Moved by / Motion de: Vice-Chair L. Dudas
WHEREAS the financial impacts of the Pandemic to Ottawa’s economy will remain unknown for foreseeable future, though economists at Deloitte reported on September 23, 2020 that Canada will not see a recovery until at least Q2 of 2022; effectively the end of this Term of Council; and
WHEREAS City services have seen a dramatic shift in demand and delivery resulting from the Pandemic, for example the precipitous drop in ridership on OC Transpo; and
WHEREAS the City faces increased financial costs due to the Pandemic: e.g. increased sanitation costs, acquiring PPE, etc.; and
WHEREAS the City of Ottawa, like all municipalities in Ontario, is bound by Provincial legislation that it cannot run a budget deficit (without a legislated exemption); and
WHEREAS, according to Statistics Canada, from the January 2020 to May 2020 period, Ottawa saw 3,335, or 13.5%, of businesses permanently close their doors; and
WHEREAS the official declaration of Ottawa’s entry into the second wave of the Pandemic by Ottawa Public Health, underscores that the impacts of the Pandemic on residents and businesses will not be abating in the short or mid-term; and
WHEREAS as reported by Ottawa Public Health, since mid-March, 28% of Ottawa households reported a decrease in income. And of those, 19% are having difficulty paying for basic necessities, such as housing and/or food; and
WHEREAS it is important that the City maintain room in Budget 2021 to support new and unforeseen COVID-related expenses, whether it be PPE, housing programs, or expanding business supports; and
WHEREAS the preponderance of the City of Ottawa’s revenue is generated through direct property taxes on residents and businesses; and
THEREFORE IT BE RESOLVED that as part of the Budget 2021 process, City staff review operating budgets in detail to identify areas for potential savings resulting from changes in residents’ needs due to the Pandemic, with the purpose of bringing before a Council a budget that demonstrates self-discipline and reflects the reality of the financial situation of the City, the Province and the Country; and
BE IT FURTHER RESOLVED that City departmental staff review projects not started, nor tendered or have any dependency on other projects by the City (for instance life-cycle renewal projects), to identify projects that, should the need arise, may be postponed from the 2021 budget year, with the intent to re-evaluate these projects for Budget 2022 when we will have a better understanding of the long-term financial implications of the Pandemic and its economic impacts.